Après l’avoir enfin fini, je m’aperçois que ce texte est effroyablement long. Je le résume en trois lignes à la fin.

Je ne sais pas comment commencer ce billet alors je vais le laisser venir à la va-comme-je-te-pousse, on verra bien.

Je connaissais Garfieldd.

Pour ne pas risquer la révocation, je précise tout de suite, pas intimement. Par écrans interposés en tant que lecteur admiratif du sieur. Franchement entre sa plume et ses sujets bien choisis qu’ils soient de fond, professionnels ou plus légers, le lire était un plaisir. Inutile de revenir sur le coté porno du site, comme tous ceux qui l’ont lu un peu régulièrement j’affirme qu’il n’y avait pas un soupçon de pornographie sur le site et je suis prêt à en témoigner devant n’importe quelle instance. Point barre. Period.

Je ne sais toujours pas ce qui m’a plus chez lui, on pourrait difficilement être plus opposés.
Il est pédé, pas moi.
Il est (plutôt) seul, avec une femme et deux gosses, j’ai trois raisons de boire Gévéor (Nan, je rigole.).
Il EST proviseur, je suis un Marcel Rantanplan (ses lecteurs comprendront).
Il est chauve…heu, joker.

En tous cas, comme nombre de ses lecteurs, je suis tombé sous le charme. Comme avec les cacahuètes, quand j’ai commencé à lire son journal, il a fallu que je dévore tout. Vous savez ce que c’est dans ces cas là, on se sent proche. Avant qu’il n’efface son blog, il racontait comme il avait été étonné et disons …chagriné, de recevoir un message préoccupant d’un prof de sa ville qui disait l’avoir identifié et lui expliquait qu’il prenait des risques…nia nia nia petite ville…nia nia nia esprits étroits. Vous avez compris.

Juste avant de tout arrêter, il cherchait un moyen de mettre un disclaimer en introduction à sa page. Il n’en a pas eu le temps.

Quand son blog a disparu et qu’il a laissé un message disant qu’il reviendrait bientôt, son ton était tellement sombre qu’on comprend maintenant ce qui se passait.

Je fais court, on s’endort là.

Mardi j’entends vaguement une conversation dans les couloirs parlant d’Europe 1 avec les mots « proviseur…révoqué » . J’ai tout de suite compris. Après un tour sur le net, c’était clair. C’était lui et il avait pris le max.

Sans réfléchir bien longtemps, j’ai décidé de rédiger une pétition. Je suis pas un littéraire, il m’a fallu du temps. Je l’ai mise en ligne sur PetitionOnline.com le Tue, 17 Jan 2006 11:56:41 -0800 (PST), si je me rappelle bien ça fait vers les neuf heures du soir. J’ai laissé 4 ou 5 commentaires, pas plus, sur des blogs qui commençaient à bien chauffer sur l’affaire. Pas plus de 4 ou 5, je baratine pas.

Je suis pas en train de dire : « Le ministre ouvre les yeux, c’est la blogosphère en colère et la pétition ».
Je suis certainement pas en train de dire « Envoyez-moi des félicitations, je suis le justicier démasqué ». Honnêtement, je m’en tape, c’est pour ça que je n’ai pas signé en premier.

En plus, c’est pas le sujet, ce qui fait de tout ce qui précède une TRES longue introduction.

Une introduction à ce qui suit comme il se doit.

Je n’aime pas les pétitions. Non. Je déteste les pétitions. Depuis toujours. C’est épidermique. Encore hier, deux roumaines m’accostent avec leur papier et leur stylo. J’ai pas bien compris « papiers…racheter caravanes brûlées… ». Je les ai envoyées aux pelotes. « Vous pouvez pas allez honnêtement piller des parcmètres au lieu de me gâcher mon shopping ? ».Non mais ho.

Oh, j’en ai bien signé des pétitions mais ma signature était arrachée par la ruse ou éventuellement la crainte du ridicule quand tout un groupe signe et qu’on doit y passer.

Il y aurait des tas de très bonnes raisons pour expliquer ce rejet de la pétition mais une seule suffira. Je suis absolument persuadé qu’une pétition quel que soit, son sujet, son destinataire et son nombre de signataires ne sert strictement à rien !

Depuis peu, j’ai un léger doute.

Encore une fois, je suis conscient que ce qui vient de se passer dépend de facteurs nombreux et variés dont certains sont probablement dus à l’alignement des étoiles ou à un transit intestinal plus ou moins inconfortable chez quelqu’un dont la signature au bas d’un document augmente notablement sa valeur.

N’empêche.

Difficile de ne pas se dire que quelque part…

Et voilà mon propos (enfin !).

Une pétition en ligne ce n’est pas pareil qu’au coin d’une rue où on circule avec autre chose en tête que l’arrêt des essais atomiques à Mende ou le soutien à l’apprentissage de la lecture par la méthode globale. On choisit de la lire sans contrainte et personne ne vous regarde comme un khmer rouge si vous ne signez pas. Sur une pétition en ligne, on peut mettre autre chose que son nom et sa signature.

En fait, on peut mettre des tas de choses sur une pétition en ligne. Y compris son avis sur la pétition. Y compris des liens vers … ce qu’on veut.

Je me demande si d’une certaine manière, une pétition en ligne, c’est encore le seul nom qui me vient mais on s’en éloigne de plus en plus, ça ne serait pas l’espèce de lien commun à ceux qui sont d’accord sur UNE chose mais qui sont en fait différents et tiennent, éventuellement, à ce que ça se sache aussi. On pourrait voir ça comme la compilation des liens qui parlaient de l’affaire Garfieldd sur embruns mais avec un autre objectif.

Voilà, j’ai encore quelques bricoles en tête mais je finis en résumant.
Il existe des sites de pétitions mais je n’ai pas vu ce à quoi je pense. La plupart sont en anglais, il y en a un en français mais il parle d’argent dès la première page pour créer ou signer. Je pense que pour l’instant et en français, il n’existe pas d’espace pour… comment dire… regrouper, discuter, faire avancer des pétition et plus généralement des idées ou des demandes fortes alors que l’on sent bien que c’est une démarche presque évidente que de lever la main, dire j’en suis et vouloir être compté.

Je pars vraiment en vrille là, alors je mets ce lien :
http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion2678.asp

Si vous ne voulez pas tout lire, jetez un coup d’œil en vitesse, regardez qui en est à l’origine et demandez vous si il vaut mieux que l’idée soit développée par ceux qui reçoivent les pétitions ou par ceux qui les signent.

Je sens confusément que ce qui vient de se passer indique peut-être un avant et un après. Je sens beaucoup plus clairement que je le dis mal, alors peut-être que d’autres voudront s’en mêler. Ca ne peut être qu’une bonne chose. J’ouvre juste le débat.

Bon, un résumé pour ceux qui sont passé directement à la fin.
« L’affaire Garfieldd » semble s’infléchir dans un sens plus juste, en partie par les interventions des internautes.
Les moyens actuels de « se compter » en ligne sont peut-être à améliorer.
Comment les citoyens peuvent-ils mieux participer aux prises de décision ?

Les commentaires sont là pour ça. Si vous avez lu jusqu’au bout, vous avez le droit de vous contenter d’une insulte.

Dans tous les cas : HASTA LA VICTORIA SIEMPRE.